- GHOUTA
- GHOUTAGHOUTANom général donné aux oasis de Syrie et particulièrement à celle de Damas. La Ghouta de Damas, l’une des plus célèbres et des plus grandes oasis du monde, regroupe plus de 30 000 hectares de jardins cultivés et abritait, en 1990, plus de 300 000 habitants dans une centaine de villages. Elle est indissociablement liée à Damas dont elle est l’écrin de verdure: en organisant son développement, la ville s’est assuré les bases d’une prospérité qui permettait à son tour l’extension de l’oasis.La ghouta correspond au cône de déjection du Barada, grosse rivière permanente née dans l’Anti-Liban. Dans les gorges de Raboué, en amont de Damas, sept canaux de dérivation saignent le Barada, se dispersent en éventail à la sortie des gorges et se ramifient en une multitude de canaux qui irriguent le bassin de Damas, aussi loin que le permet leur débit. Les canaux les plus anciens sont d’époque araméenne (\GHOUTA Ier millénaire): le plus important est le Thora; le Kanawat est d’époque romaine; le dernier canal, le Yezid, fut construit sous les Omeyyades (VIIe-VIIIe s.). L’irrigation est intermittente, à heures et jours déterminés: la répartition de l’eau s’effectue selon un cycle traditionnel, l’addan .La Ghouta de Damas est cultivée par des paysans, groupés dans de gros villages de 2 000 à 5 000 habitants. La petite et moyenne propriété dominent. Les cultures varient en fonction de la quantité et de la fréquence de l’eau reçue: autour de la ville s’étend une première zone de vergers (surtout abricotiers) abritant des jardins maraîchers; sur la deuxième auréole sont cultivés, sous les abricotiers, des légumes; la troisième auréole, déjà moins arrosée, voit la substitution des oliviers aux abricotiers. Puis, l’eau se raréfiant, les oliviers poussent seuls; ceux-ci enfin cèdent la place à la vigne, peu exigeante en eau.À la périphérie de la Ghouta s’étend le Merdj (la prairie): à l’époque araméenne, il semble avoir été intensément cultivé et densément peuplé; puis il se transforma de zone de culture en zone de pâturage et fut conquis par les nomades. Une timide reconquête sédentaire commença au milieu du XIXe siècle: des villages fortifiés contre les bédouins se créèrent, dont les habitants (felleh : paysans) pratiquèrent la culture des céréales sur les terres partiellement inondées en hiver. L’eau se raréfie dans le Merdj.L’extension de la Ghouta de Damas est freinée par le manque d’eau et par la baisse de la nappe phréatique. Des solutions restent possibles: la construction de barrages-réservoirs dans les gorges du Barada (un seul barrage avait été mis en service en 1994) ou dans les collines de Kissoué; une meilleure utilisation des eaux du Nahr el-Awadj, qui coule au sud de la Ghouta.
Encyclopédie Universelle. 2012.